La Musique Traditionnelle Vietnamienne, Rêve et Passions.

pc-44c 

Ce 29 mai 1999, Phuong Ca fête ses 30 ans d’existence.

Dans la grande salle des fêtes de Taverny, tout est prêt. Les délégations et leurs représentants sont arrivés depuis hier pour les répétitions.

Il y avait celles de France, de Belgique, de Suisse, de Hollande et  de plus loin avec le Canada et le Viet Nam.

Il y avait tellement de musiciens ou de musiciennes que la grande scène ne suffisait plus. Le service culturel de Taverny avait dû construire une grande estrade devant la scène pour que la centaine d’artistes puissent se tenir.

Il y avait  des jeunes de tous âges : les tous petits de Taverny, ceux de Lognes avec leur enseignante Bich Ly, il y avait aussi celles qui sont devenues des artistes confirmées comme Thuy Trang, Ngoc Thanh ou Thu Thao …

Ce fût un moment d’intenses émotions de voir tous ces jeunes venus de toutes parts, se réunir …

Mais qu’est exactement Phuong Ca ?

Mieux que tous les discours, voici 2 cartes postales de Phuong Ca.

Phuong Ca  d’aujourd’hui et Phuong Ca d’hier.

 

 Phuong Ca, REVES : c’était hier, c’était il y a 12 ans.

Par ce 29 avril, dans la grande salle du Pleyel, retentissaient les notes d’un concert étrange et insolite. Etrange, car c’est de la musique traditionnelle vietnamienne dont il s’agit. Ce haut-lieu de la musique classique occidentale n’a pas l’habitude d’accueillir ces formations musicales extrême-orientales.

Insolite, car les 80 artistes de cette formation sont des jeunes. Devant les 2300 spectateurs, l’ensemble instrumental a exécuté des pièces classiques des grandes traditions de la musique vietnamienne : celles du Nord, du Centre et du Sud Viet Nam.

Cet ensemble instrumental vietnamien appartient à l’une des plus vieilles et probablement l’une des plus grandes écoles de musique traditionnelle vietnamienne : Phuong Ca Dan Ca Quoc Nhac (traduit littéralement par ‘‘musique traditionnelle et populaire du Phœnix’’). Depuis, ces images sont devenues plus habituelles, plus courantes, plus acceptables…

Cet ensemble instrumental a marqué, depuis quelques années, par sa présence lors des plus grandes manifestations culturelles de la communauté vietnamienne à l’étranger : que ce soit à l’Espace Cardin, à la Maison de la radio, au Musée d’art de Houston, dans le grand amphithéâtre du Vatican (Béatification des 117 martyrs vietnamiens)…
De Berlin à Londres, de Los Angeles à Bruxelles… Cet ensemble s’est produit ainsi dans des centaines de concerts à travers le monde. On ne compte plus les associations culturelles, humanitaires, des plus grandes aux plus petites, pour lesquelles ces jeunes ont donné de leur talent et de leur cœur.
Pourtant, malgré tout ce travail, on en parle très peu dans la presse. Il faut croire que ce silence leur convient parfaitement. Tenez, voilà Hanh Dung 20 ans, étudiante en deuxième année, 2ème prix de piano, diplômée du 2ème cycle de Dan Tranh. Déjà plus d’une certaine de concerts, et tout le talent du monde… ou Thu Lan, un peu plus grande (24 ans, ingénieur en Intelligence Artificielle, diplômée du 2ème cycle de Dan Tranh), qui n’hésitent pas à se transformer en hôtesses pour l’un de ces galas au profit des œuvres humanitaires.

Ces faits, ces images, bien que souvent spectaculaires par leur rareté, leur beauté, leur qualité, ne doivent pas faire oublier que PCDCQN est beaucoup plus qu’un ensemble musical. C’est avant tout, une école de musique traditionnelle avec ses concepts, ses méthodes, ses recherches… C’est aussi un état d’esprit, un mouvement de jeunesse, un élan de générosité. Générosité de tous ces jeunes vietnamiennes et vietnamiens, non seulement envers leurs cultures, leurs arts, leurs musiques, mais aussi pour tout ce qui peut les émouvoir : la beauté pure d’un ballet classique, le son magique du violon ou tout simplement pour toutes ces fleurs éternelles telles les  » Quatre Saisons de Vivaldi « … Lorsqu’on a regardé, écouté, parlé avec ces jeunes on ne peut s’empêcher de constater que l’image stéréotypée de la Tradition Musicale Vietnamienne, vieillotte, sans grande imagination, immobiliste, complexée, souvent décrite, cette image n’a rien à voir avec ces jeunes. Le plus merveilleux c’est que ces sentiments ne les effleurent même pas. Les instruments de musique sont de toutes sortes ; des instruments à cordes aux instruments à vent…

Parmi tout cela,  les fameux Dan Tranh vietnamiens, sortes de cithares. Les Dan Tranh qui composaient l’essentiel de la formation sont aussi très variés : les Dan Tranh traditionnels à 16 cordes, les cithares nouvellement introduites par cette formation depuis des années dans la composition d’un orchestre traditionnel à 13 cordes, à 18 cordes ou à 20 cordes.

 

Phuong Ca, PASSIONS : c’était aujourd’hui …

Mais qu’est exactement Phuong Ca.

PCDCQN a été fondé, il y a exactement 30 ans, par Phuong Oanh, alors professeur au Conservatoire National Supérieur de musique de Saigon. PCDCQN regroupe à cette époque un certain nombre de jeunes professeurs du Conservatoire.

Au travers de PCDCQN, au travers de ses actions, de ses pensées, de son esprit, est née une nouvelle sensibilité, une nouvelle prise de conscience des jeunes face à la société, à la culture et à la musique…

Il est vrai que les jeunes n’ont jamais eu accès à la parole. Depuis très longtemps les intellectuels, les écrivains, les politiciens… ont eu le monopole de la parole.

Pendant très longtemps on croyait que la société n’existait que par eux. Ce fut un boum : lycéens, étudiants, professeurs, artistes, médecins, ingénieurs… ont ainsi repris les vieux instruments de musique délaissés par leurs parents et ont renoué avec une histoire vieille de plus de 4000 ans.

30 ans ont passé depuis. Bien des choses ont changé.

En bien? En mal? De ce rêve fragile de ces jeunes, brisé en 1975 par l’exode de plusieurs millions de vietnamiens, que reste-t-il ? Cet exode qui reste une tragédie en sol, a pu démontrer que malgré les océans et les mers, malgré le temps et l’espace, les jeunes sont restés fidèles à leurs sentiments et qu’ils sont toujours là, passionnés, généreux…

Généreux, il faut l’être car, il faut le souligner, PCDCQN n’a été qu’un rêve, qu’une passion, qu’un symbole pendant 17 ans. Il y a seulement 13 ans, un conservatoire de musique classique en France a admis les enseignements de musique vietnamienne dans ses cours. Ces études dureront 10 ans. En 1990 les premiers jeunes diplômés de Musique Traditionnelle Vietnamienne   sortiront de ce Conservatoire (Durant ces dix dernières années, le Conservatoire de Musique de Sevran a délivré 8 diplômes de fin d’études de 3ème cycle option Musique Traditionnelle Vietnamienne).

En 1999, le Conservatoire d’Antony  ouvre ses portes à la musique vietnamienne (Le 1er examen  s’est ouvert en juin 1999 avec la délivrance de 3 Diplômes de fin d’Etudes de 3ème cycle option Musique Traditionnelle Vietnamienne, le plus haut degré que peut délivrer ce Conservatoire de 2000 élèves et avec plus de 100 professeurs donc le Directeur est monsieur Jean François KREMER.)

Les Conservatoires de Gonesse et de Chilly-Mazarin suivront probablement le pas. Cependant bien avant cela, des centres culturels (Mairie de Paris 13èmes, Ville de Strasbourg, Les médecins du Viet Nam …) ont déjà accueilli cette musique.

L’histoire de PCDCQN est avant tout une belle histoire d’amour, d’amitié, de tendresse et de patience que ces jeunes présents, il y a 30 ans, éparpillés maintenant au quatre coins du monde, n’ont pas oublié. Ils continuent à transmettre leur art à la fois si simple et si généreux.

L’avenir appartiendra sûrement à tous ceux qui ont su percevoir et saisir les liens, les relations qui unissent les hommes, les arts, les musiques, les cultures… PCDCQN voudrait être de ceux-là.

VO NHU LAN

PHUONG CA, Pour la Culture et La Musique Traditionnelle Vietnamienne

28 ter rue des Mallets 95150 Taverny France

Tél : 33 (0)1 39 95 28 53

Email : info@phuongca.org

 

 

Ce contenu a été publié dans Français. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.