Mouvement Musical "Du Ca"

Ecrits sur « Du C a »,

Mouvement Musical De la Jeunesse Du Vietnam.

 

 

En  1965, les compositeurs  Phạm Duy, Nguyễn Ðình Nghĩa et moi sommes venus à Dalat, pour participer à la nuit « Musique du Cœur » organisée par les étudiants de l’Université de Dalat, à l’amphithéâtre Thụ Nhân.

Le ciel de Dalat était brumeux, j’étais emmitouflée dans un pardessus prêté par ma grande sœur Khánh Tuyết. Je somnolais encore à l’arrivée, après 2 heures de vol,  car je n’avais pas l’habitude de faire des voyages en avion à l’époque.

Arrivés à l’Université, nous avons été accueillis par les organisateurs. Nous avons pu nous  reposer pour pouvoir ensuite préparer la soirée. A cette époque, j’étais déjà diplômée et enseignante à l’école de musique. J’ai commencé à apparaître devant les élèves et les étudiants, lors des journées  de présentation de la musique populaire traditionnelle, avec les professeurs Nguyễn Hữu Ba, Lê Thương, dans les Collèges, les Universités. J’ai commencé aussi à jouer devant le public lors des journées à caractère caritatif, ou parmi les étudiants à l’occasion des fêtes du « Têt ».

Pendant mes études du « ca cổ » à l’Ecole Nationale De  Musique, j’ai été plusieurs fois envoyée à la radio  de Saigon, de l’Armée, ou de « la Voix de la Liberté », par mes professeurs, pour faire des enregistrements avec le groupe « ca Huế » ou le groupe « chèo Phụng Minh »


J’ai déjà  rencontré souvent les chanteurs, aussi, presque tout le monde se connaissait, depuis les membres de la chorale « Thăng Long », jusqu’au groupe « Tiếng Tơ Ðồng », etc…
Par la suite, lors des programmes « la Voix de l’Enseignement » du Centre des Etudes, avec le professeur Hùng Lân, aussi bien  à la radio qu ‘à la télévision, dans les émissions sur  la musique populaire du Vietnam, j’ai pu travailler avec les grandes sœurs Tuyết Hằng, Thu Hà, Hồng Vân du trio « Ðông Phương ». Je gardais toujours  contact avec les artistes, bien que j’ai déjà choisi ma voie dans ce métier artistique, comme enseignante. Ainsi ces représentations musicales me permettaient de rencontrer des amis, ou alors c’étaient des occasions pour faire de la "publicité" pour la musique traditionnelle.

Depuis ma rencontre avec le groupe «Trầm Ca », comme la manière de travailler de ce groupe me correspondait, j’ai « sauté » le pas. Le groupe «Trầm Ca » comportait au départ  cinq garçons,  avec moi, icomme voix féminine, cela  faisait six personnes en tout (Nguyễn Đức Quang, Trần Trọng Thảo, Hoàng Kim Châu, Đinh Gia Lập, Hoàng Thái Lĩnh, Nguyễn Quốc Văn et Phương Oanh).  Quang et ses amis ayant « émigré » par la suite de Dalat à Saigon, à partir de ce moment là, nous avons vraiment travaillé régulièrement avec les étudiants, les lycéens et dans ce milieu ambiant, j’ai rencontré régulièrement  Khánh Ly et Trịnh Công Sơn.
Les deux façons de présenter , les deux façons de penser différentes entre Quang et Sơn, et les deux façons différentes d’apparaître devant le public entre moi et Khánh Ly,

avaient suscité un grand enthousiasme parmi les étudiants, de Saigon à Huế.

Notre amitié jusqu’à maintenant estt restée intacte comme au premier jour.

Une manière d’écrire la musique,  pessimiste, sur la patrie, la vie, la société, recherchant l’oubli à travers un café, un verre d’alcool amer, fleur bleue.

Et l’autre manière d’écrire la musique, évoquant les sentiments d’un peuple divisé par l’intérieur, et dirigé par l’extérieur comme un pion sur l’échiquier…Malgré toutes ces difficultés, les paroles des chansons ont toujours démontré le courage, nourrissant les esprits pour ensemble s’élever, défendant l’avenir de la patrie.

Alors que la musique de Sơn était diffusée largement dans les cafés, les salles de musique, celle de Quang était plutôt connue dans le milieu étudiant, lycéen, à travers des camps de travail social. Un grand nombre de morceaux de musique de Sơn et Quang étaient accueillis par les jeunes et utilisés dans les activités communes, créant une ambiance saine. Le ministère de la jeunesse ayant vu cela, avait organisé des sessions d’activités ‘Action Par La Musique’ dans le but de construire une jeunesse saine et pleine de vie dans tout le pays.

En 1969, avec Khánh Ly, Quang et moi nous avions l’occasion de nous produire en Europe, alors nous étions encore plus près les uns des autres surtout, à cette époque, le mouvement « Du Ca » avait pris forme fortement, créant une nouvelle et jeune vague dans la société. Le mouvement avait été  très largement diffusé, il y eut alors beaucoup de groupes "du ca" dans tout le pays, attirant spécialement les jeunes filles à y participer…

Je ne voyais plus régulièrement mes amis. Je suis revenue à ma position première d’ensignante, essayant de faire durer la classe de đàn tranh – Phượng Ca. Cependant, chaque fois que le mouvement « Du Ca » organisait un événement,  le groupe đàn tranh – Phượng Ca était présent pour  apporter sa contribution par sa musique, ses chants.

Après avoir quitté le Vietnam début 1975, j’ai pensé ne plus jamais revoir mes amis, si chers. Mais avec le temps, j’ai pu reprendre les contacts, certains étaient encore en vie, d’autres ont disparu, mais l’esprit de camaraderie est resté intact, nous nous comportons comme une fratrie. L’esprit de « Du Ca » est là, mais où sont ses membres… ? Plus nous vivons loin de la patrie, plus nous avons besoin de la présence de « Du Ca ». Car « Du Ca » était l’image de la jeunesse vietnamienne vivant pour la société, pour la patrie et son peuple. Plus nous vivons loin de la patrie, plus nous avons besoin de nous réunir pour garder intact cet état d’esprit pour nos enfants et pour les générations futures. Nous devons remercier Nguyễn Hữu Nghĩa qui a essayé de faire revivre le mouvement « Du Ca » dans les premières années où nous vivons à l’étranger, mais c’est difficile de garder l’esprit « Du Ca » intact si nous n’avions pas des gens vraiment formés par le Mouvement.

Le créateur du mouvement se décide maintenant de descendre  des montagnes, pour aller semer de nouveau la nouvelle, la vie, l’esprit de « Du Ca » des Etats-Unis jusqu’au Canada, en Australie, en France (?) etc.. Cela me rend heureuse, et enthousiaste.

Mais il y a cependant un obstacle: nous avons la chance de vivre dans une société avec plein de commodités, mais il y a certaines choses que nous souhaitons que nous ne pourrons pas réaliser, car nous sommes déjà à un âge avancé. Il faudra que les amis, les jeunes prennent notre relève, et se lancent pour que la base du Mouvement ne sombre pas et qu’ils reprenne le travail laissé à l’abandon…depuis des dizaines d’années.

Nos aînés Nguyễn Quyết Thắng, Nguyễn Thiện Cơ, Ngô Mạnh Thu, Fa Thăng…Et d’autres aînés de "Du Ca" que je n’ai pas connu , nous devrions tous nous prendre la main, pour espérer qu’ une grande fête "Du Ca" puisse être organisée un jour, quelque part .

A ce moment là, nous pourrons nous revoir, se serrant les mains en chantant des chants d’espoir, constructifs, sur le sol de notre propre patrie ou dans un pays que nous appellons pays d’accueil, à titre provisoire.

Phương Oanh

7/10/02

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